19 septembre 2025

• Une pratique amateur immémoriale et interespèces •

Par USTD

Le « small talk avant de devenir le sport de compétition à la mode depuis le premier championnat qui s’est déroulé à Mouais (France, 44) en 2021 n’était qu’une pratique humaine universelle amateur (dans les conversations quotidiennes), qui s’est professionnalisée (en diplomatie, en marketing, dans les services clients, dans les médias et la communication numérique ou plus récemment de façon frénétique sur les plateaux de télévision lors des « débats d’experts » qui ne font que reformuler ce qu’on sait déjà, supputent pour occuper le temps quand ils ne disent pas n’importe quoi.). 
Le « small talk » est ce qu’on appelle du langage phatique. Cela fait référence à une fonction du langage qui vise principalement à établir ou maintenir ou in§errompre le contact social entre les interlocuteurs, plutôt qu’à transmettre un contenu informationnel. 
Le terme « phatique » vient du grec ancien φάτις (phátis, « parole »). Il a été introduit par l’anthropologue Bronisław Malinowski ((1884-1942) dans ses travaux sur le langage des peuples dits « primitifs ». Malinowski considérait cette fonction du langage comme un aspect fondamental du comportement humain, suggérant que la création de liens affectifs et sociaux à travers le langage est une partie essentielle de la nature humaine en société, ayant un caractère essentiellement pragmatique et social. Il décrit cela comme «  one of the bedrock aspects of man’s nature in society ».
Le concept a été repris et développé par le linguiste Roman Jakobson. En 1963, dans son livre « Essais de linguistique générale », Jakobson a intégré la fonction phatique dans son modèle des six fonctions du langage. 
Concentré sur l’interaction sociale plutôt que sur le contenu du message (le langage, pas Jakobson qui avait beaucoup à faire plutôt que de papoter), il est souvent utilisé pour « parler pour parler » ou « parler pour ne rien dire » ; il sert à s’assurer que la communication « passe » bien.
Par exemples via des expressions comme « Allô, vous m’entendez ? », « vous comprenez », « vous savez ». Des linguistes comme Marina Yaguello ont étendu la notion pour inclure les discussions mondaines et les artifices de langage utilisés pour maintenir le contact verbal, ainsi au travers d’anecdotes, d’histoires drôles utilisées pour maintenir le contact verbal.
Le concept a été appliqué dans divers domaines, notamment la communication et le marketing, pour analyser les interactions sociales et la création de contact avec le public.
Les manifestations spécifiques du langage phatique peuvent varier selon les cultures, mais le concept lui-même semble être un phénomène universel, présent dans les sociétés humaines à différents stades de développement. Cela suggère que la fonction phatique du langage est en effet commune à toutes les cultures, même les plus primitives.
Bien que le langage complexe soit considéré comme propre à l’homme, on observe effectivement des comportements chez les animaux qui peuvent être assimilés à une fonction phatique rudimentaire.
Quelques éléments à ce sujet :
– Chez de nombreuses espèces animales, on observe des comportements de communication qui servent à établir, maintenir ou interrompre le contact, ce qui s’apparente à la fonction phatique du langage humain. Par exemple, chez les primates, on observe des vocalisations et des gestes qui servent principalement à maintenir la cohésion du groupe, sans nécessairement transmettre d’information spécifique.
– Les chants des oiseaux, en dehors de leur fonction de parade nuptiale, peuvent aussi servir à maintenir le contact entre les membres d’un groupe ou d’un couple.
– Chez les dauphins et les baleines, certains sons émis semblent avoir pour fonction principale de maintenir le contact au sein du groupe, notamment lorsque la visibilité est réduite.
– Les phéromones chez certains insectes peuvent jouer un rôle similaire, en signalant simplement la présence d’un individu aux autres membres de l’espèce.
– Chez les chiens domestiques, certains comportements comme le fait de venir poser la tête sur les genoux de leur maître peuvent être interprétés comme une forme de communication phatique.
Ces comportements animaux, bien qu’ils partagent certaines caractéristiques avec la fonction phatique du langage humain, sont généralement moins complexes et moins intentionnels. De plus, ils sont souvent liés à des instincts et des comportements innés plutôt qu’à un système de communication aussi élaboré que le langage humain.
Quoique le langage complexe soit propre à l’homme, on observe des comportements chez les animaux qui remplissent des fonctions similaires à la fonction phatique, démontrant que le besoin de maintenir le contact social est présent dans de nombreuses espèces.