• Du spoken word au small talk en passant par « The Moth » •
En quoi le small talk se distingue-t-il d’autres pratiques orales ?
Le spoken word
L’émergence du « spoken word » remonte aux États-Unis dans les années 1960-1970. Le spoken word s’est développé dans le contexte des mouvements contestataires des années 60, s’inspirant des traditions jazz, soul et blues.
Origines et influences :
– Le spoken word tire ses origines de la poésie beat et de la tradition des griots africains.
– Il est influencé par les traditions jazz, soul et blues.
– La Beat Generation (Kerouac, Ginsberg, Burroughs) a joué un rôle important dans son développement.
Définition :
– Le terme « spoken word » signifie littéralement « mot parlé ».
– C’est une façon particulière d’oraliser un texte, souvent en collaboration avec d’autres formes d’art (musique, théâtre, danse).
Caractéristiques :
– Se concentre sur les mots, la dynamique et le ton de la voix, les gestes et les expressions.
– Souvent accompagné de musique (guitare, percussions, piano, éléments électroniques).
– Met l’accent sur l’importance des mots, délivrés de manière rythmée et passionnée.
Contexte historique :
– Apparaît dans le contexte des mouvements contestataires des années 60.
– Hérite de la tradition afro-américaine (prêches, speechs, jazz-poetry).
– Le poème « Howl » de Ginsberg est considéré comme un événement marquant. La Beat Generation, représentée par des figures comme Kerouac, Ginsberg et Burroughs, a joué un rôle crucial dans le développement du genre.
Évolution :
– A influencé plus tard le rap et le slam.
– S’est développé comme une forme de poésie-performance.
Le « spoken word » était pratiqué dans des lieux comme des bars, souvent avec un accompagnement musical, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Cette forme d’expression artistique a émergé comme un moyen de renouveler la prise de parole et de « secouer l’establishment » à travers une poésie plus directe et engagée. Le genre s’est ensuite répandu dans d’autres pays, influençant par exemple la scène artistique en France avec des artistes comme Grand Corps Malade, et au Royaume-Uni avec Kate Tempest et George the Poet.
Figures importantes :
Aux États-Unis, des artistes comme Gil Scott-Heron et Saul Williams ont contribué à façonner et populariser le genre.
Le slam
Lieu d’origine et date :
Chicago, Illinois, États-Unis. Le premier slam de poésie a eu lieu dans un club de jazz à Chicago en 1986. Le mouvement du slam a débuté dans les années 1980, plus précisément en 1984-1986.
Fondateur :
Marc Kelly Smith, un ancien ouvrier du bâtiment devenu poète. Il a créé le slam pour rendre la poésie plus accessible au grand public, en dehors des cercles académiques.
Institutionnalisation :
Le premier National Poetry Slam a eu lieu en 1990 à Fort Mason, San Francisco.
Le slam s’inspire de traditions plus anciennes de poésie orale et performative, notamment du mouvement Beat et du mouvement de la Négritude.
Australie
Bush poetry
Cette forme de poésie populaire australienne, représentée par des poètes comme Henry Lawson et Banjo Paterson, était souvent récitée oralement et mettait l’accent sur la narration et les thèmes australiens.
Performance poetry
L’Australie a une scène active de « poésie de performance », qui partage certaines caractéristiques avec le slam, bien qu’elle soit distincte.
Poésie aborigène performative
Des artistes comme Romaine Moreton ont développé une forme de performance poétique basée sur les traditions orales aborigènes, qui peut ressembler au slam dans sa présentation.
Art sonore et radio art
L’Australie a une tradition d’expérimentation avec la poésie sonore et les performances radiophoniques, qui peuvent partager certains éléments avec le slam.
Yarn spinning
Le yarn spinning, une forme de narration orale, est utilisé par certains activistes aborigènes pour partager des histoires et des messages sociaux.
Japon
– Le rakugo, une forme de narration comique traditionnelle, aborde souvent des thèmes sociaux contemporains.
– Le kamishibai, un type de théâtre de rue utilisant des images, est parfois utilisé pour des messages sociaux ou éducatifs.
Inde
– Le mushaira, une assemblée poétique où les poètes récitent leurs œuvres, est une tradition vivace, particulièrement pour la poésie ourdou.
– Le kavi sammelan est une pratique similaire pour la poésie hindi.
– Le baithak, une forme de performance narrative, peut aborder des sujets sociaux et politiques actuels.
– Le street theater ou théâtre de rue, très populaire en Inde, est souvent utilisé pour l’activisme social.
Brésil
– La literatura de cordel, une forme de poésie populaire imprimée et récitée, reste active dans le nord-est du pays.
– Le repente, une forme d’improvisation poétique chantée, est toujours pratiqué.
Russie
– La tradition des poètes-chanteurs comme Vladimir Vysotsky a influencé des formes contemporaines de poésie performée.
Pays arabes
– La tradition de la poésie orale reste forte, avec des performances contemporaines inspirées des pratiques anciennes.
Irlande
– La tradition des seanchaí (conteurs) a influencé des formes contemporaines de narration orale.
Scandinavie
– Le renouveau de l’intérêt pour les sagas et la poésie scaldique a inspiré des formes modernes de récitation poétique.
Amérique latine
– Le testimonio, un genre littéraire oral qui raconte des expériences personnelles liées à des événements sociaux ou politiques.
– Le teatro del oprimido (théâtre de l’opprimé) d’Augusto Boal, qui utilise des techniques théâtrales pour explorer des problèmes sociaux.
Moyen-Orient :
– La tradition du hakawati (conteur) a évolué pour inclure des commentaires sur la société contemporaine.
Europe de l’Est :
– Le théâtre documentaire, qui utilise des témoignages et des documents réels pour commenter la société.
États-Unis
– Le stand-up comedy, bien que principalement humoristique, aborde souvent des questions sociales et politiques.
– Les open mics dans les cafés et bars, qui offrent une plateforme pour partager des textes sur divers sujets.
Monde entier
– Les podcasts narratifs et les monologues radiophoniques, qui peuvent traiter de sujets sociaux et politiques.
– Les performances de storytelling dans des événements comme The Moth, qui mettent l’accent sur des histoires personnelles liées à des thèmes sociaux.
USA : cas particulier de The Moth
The Moth est une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis qui se consacre à l’art et à la pratique du storytelling (l’art de raconter des histoires). Voici les principaux éléments à retenir sur The Moth :
Origines et histoire :
– Fondée en 1997 à New York.
– A commencé comme des rassemblements informels dans des parcs et appartements pour partager des histoires vraies.
– A célébré son 20e anniversaire en 2017.
Format et événements
– Organise différents types d’événements de storytelling, notamment :
– Mainstage : événements curatés avec des conteurs sélectionnés
– StorySLAM : compétitions ouvertes de storytelling
– GrandSLAM : compétitions entre les gagnants des StorySLAMs
Règles de base
– Les histoires doivent être vraies et personnelles.
– Racontées sans notes, en direct devant un public.
– Généralement limitées à environ 5-10 minutes.
Expansion
– Présente maintenant des événements dans de nombreuses villes américaines et à l’international.
– A développé un podcast populaire et une émission de radio.
– A publié des livres recueillant des histoires racontées lors de leurs événements.
Impact culturel
– A contribué à populariser le storytelling personnel comme forme d’art et de divertissement.
– A présenté des histoires d’une grande variété de personnes, des célébrités aux gens ordinaires.
Éducation et communauté
– Propose des programmes éducatifs dans les écoles.
– Organise des ateliers pour les organisations et les entreprises.
Philosophie
– Met l’accent sur le pouvoir des histoires personnelles pour créer de l’empathie et de la compréhension.
The Moth a joué un rôle important dans le renouveau moderne du storytelling, en créant une plateforme pour que les gens partagent leurs expériences personnelles de manière authentique et engageante.
Les thèmes des StorySLAM de The Moth varient considérablement, mais certains sujets populaires reviennent fréquemment. Voici quelques-uns des thèmes les plus courants :
1. Identité personnelle : Les histoires explorent souvent des éléments liés à l’identité, comme la culture, la race, le genre et l’orientation sexuelle.
2. Famille : Des récits sur les relations familiales, les traditions et les dynamiques intergénérationnelles sont très présents.
3. Amour et relations : Les histoires d’amour, de rupture, d’amitié et de relations compliquées sont des sujets récurrents.
4. Échecs et succès : Les narrateurs partagent des expériences de défis, d’échecs personnels et de triomphes.
5. Voyages et découvertes : Les récits de voyages, qu’ils soient physiques ou émotionnels, sont souvent au cœur des performances.
6. Moments de transformation : Des histoires sur des événements marquants qui changent la vie ou la perspective d’une personne.
7. Humour et absurdité : L’humour est un élément clé, avec des histoires qui mettent en avant des situations cocasses ou inattendues.
8. Questions sociales et politiques : Certains narrateurs abordent des thèmes d’activisme ou de justice sociale, partageant leurs expériences et réflexions sur des enjeux contemporains.
Ces thèmes reflètent la diversité des expériences humaines et permettent aux narrateurs de se connecter avec le public à un niveau émotionnel profond. Les performances sont souvent marquées par une grande authenticité et une vulnérabilité qui résonnent avec l’auditoire.
Choisir un thème pour un StorySLAM peut être à la fois excitant et intimidant. Voici quelques conseils pour vous aider à sélectionner un thème pertinent et engageant :
1. Réfléchir à vos expériences personnelles
– Authenticité : Choisissez un thème qui résonne avec votre propre vécu. Les histoires personnelles authentiques captivent souvent le public.
– Moments marquants : Pensez à des événements significatifs de votre vie, comme des changements, des défis ou des réussites.
2. Considérer les thèmes universels
– Identité : Les histoires sur la découverte de soi, la culture ou la famille sont souvent bien reçues.
– Amour et perte : Ces thèmes touchent une large audience et permettent d’explorer des émotions profondes.
– Échecs et leçons : Partager des échecs et les leçons tirées peut inspirer et créer une connexion.
3. S’inspirer de l’actualité
– Questions sociales : Aborder des sujets contemporains comme l’environnement, l’égalité ou les droits humains peut donner une dimension d’activisme à votre récit.
– Événements récents : Utiliser des événements récents pour contextualiser votre histoire peut la rendre plus pertinente.
4. Explorer des thèmes humoristiques
– Humour : Les récits drôles ou absurdes peuvent alléger l’atmosphère et divertir le public.
5. Participer à des ateliers de storytelling
– Feedback : Partager vos idées avec d’autres peut vous aider à affiner votre thème et à obtenir des retours constructifs.
6. Écouter d’autres narrateurs
– Inspiration : Assister à d’autres StorySLAMs ou écouter des podcasts comme The Moth peut vous inspirer sur les thèmes qui fonctionnent bien.
7. Évaluer le public
– Adaptation : Pensez à qui sera dans l’audience et choisissez un thème qui pourrait les toucher ou les intéresser.